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Ruche à deux reines : méthode simple pour multiplier la production de miel

La ruche à deux reines est une méthode de gestion apicole que de nombreux apiculteurs du monde entier utilisent avec d’excellents résultats. Avec le même nombre de ruches, ils obtiennent des populations d’abeilles beaucoup plus importantes et des rendements en miel qui, dans de nombreux cas, quadruplent la production moyenne.

La méthode de la double reine que nous proposons n’est pas complexe, mais elle demande de l’attention et une connaissance approfondie de l’environnement, de la climatologie et des floraisons. Si elle est appliquée avec soin, elle peut donner d’excellents résultats à un coût très faible. Nous expliquons en quoi consiste la méthode de la ruche à double reine.

1- Pourquoi utiliser la méthode de la double reine ?

Tous les apiculteurs du monde veulent obtenir plus de miel dans chaque ruche. Et une façon intelligente de le faire est d’utiliser la méthode des deux reines ou des deux reines par ruche. Il s’agit d’un moyen relativement simple d’exploiter pleinement le potentiel des abeilles, en développant des super ruches capables de produire beaucoup plus de miel dans le même laps de temps.

La nature nous apprend qu’une ruche est capable de produire une certaine quantité de miel en un certain temps. Toutes choses étant égales, deux ruches produiront plus ou moins la même quantité. Alors, pourquoi est-il intéressant de travailler avec deux reines ? C’est très simple : une ruche avec deux reines produit beaucoup plus de miel qu’une ruche avec une seule reine. Cela est dû à la règle dite de Farrar, selon laquelle la production de miel augmente de façon exponentielle avec le nombre d’abeilles dans une colonie.

2 – Quelle est la règle de Farrar en apiculture ?

La règle de Farrar est un principe bien connu des apiculteurs. Elle indique que, plus la population d’abeilles dans une ruche augmente, plus la production de miel que chaque abeille est capable de produire augmente. Ou, pour le dire autrement : deux fois plus d’abeilles ne produiront pas deux fois plus de miel, mais elles seront capables d’en accumuler beaucoup plus.

Cette particularité des ruches a été décrite en 1937 par l’entomologiste américain Clarence L. Farrar. Ses observations ont montré qu’il existe une synergie très frappante dans les ruches à mesure que la population augmente. Plus une ruche compte d’ouvrières, plus elles sont nombreuses à se consacrer au butinage, c’est-à-dire à la collecte de pollen et de miel.

Farrar a constaté qu’une ruche de 30 000 abeilles produit 1,36 fois plus de miel que deux ruches de 15 000. Par conséquent, l’augmentation du miel générée par le rapport population/production n’est pas exactement géométrique, mais nettement supérieure.

Farrar a également compris que la capacité de production est égale au carré du poids de la population et, de cette manière, il a pu calculer la quantité de miel qu’une ruche est capable de produire dans des conditions de terrain et de météo favorables : 50 000 abeilles peuvent générer le carré de leur poids et, comme elles pèsent 5 kg, elles produiront 5×5=25 kilogrammes de miel. Et 10 000 abeilles de plus, soit un total de 60 000, produiront 36 kilogrammes.

Le chercheur a pu montrer que cela est dû au fait que, lorsque la ruche devient plus peuplée, elle peut allouer beaucoup plus d’abeilles aux tâches de butinage, car il y a suffisamment d’abeilles à l’intérieur pour s’occuper des larves. Le ratio ouvrière/ larve tombe à une ouvrière pour une larve, alors que dans les petites populations, chaque ouvrière doit s’occuper de deux larves, le travail à l’intérieur est donc intensif et il y a moins d’abeilles disponibles pour le butinage.

En appliquant cette règle, il est facile de comprendre qu’une ruche produira beaucoup plus si elle compte beaucoup plus d’abeilles. Et, pour avoir plus d’abeilles, il est préférable d’avoir deux reines.

3 – Comment se fait la méthode de la ruche à deux reines ? La super ruche

Ainsi, si nous avons besoin d’avoir beaucoup d’abeilles, la meilleure chose à faire est d’avoir une super colonie ou une super ruche, tant en termes de population que d’espace. L’espace est facile, il suffit d’empiler les ruches. Mais comment multiplier le nombre d’abeilles ? Une reine a un taux de ponte qui ne dépasse généralement pas 2 500 œufs par jour et il en faut beaucoup plus pour générer le volume de population capable de déclencher la récolte. Pour y parvenir, on utilise la méthode de la ruche à double reine.

Cette méthode est relativement simple, mais en même temps exigeante. Elle exige de l’apiculteur a une grande prudence dans le choix du moment et, surtout, une grande connaissance du potentiel mellifère de sa zone de travail. Il doit également avoir une connaissance approfondie de la météo.

Pour mettre en œuvre cette méthode, vous avez besoin de deux colonies solides, en pleine croissance, avec des reines de grande qualité et qui pondent bien. L’objectif est de les unir, afin que les deux reines vivent ensemble dans une seule grande famille.

L’une des colonies servira de ruche de base et restera à son emplacement d’origine. Une autre sera déplacée de son emplacement (de préférence, d’un autre rucher distant d’au moins trois kilomètres pour éviter que les abeilles ne reviennent à leur point d’origine).

Cette ruche qui change d’emplacement est placée sur l’autre, mais avec l’entrée orientée dans la direction opposée. Entre les deux – l’une sans toit et l’autre sans plancher – une double moustiquaire est placée, de sorte que les odeurs, les phéromones et les sons circulent entre les deux chambres à couvain, mais sans que les ouvrières et les reines puissent se battre.

La ruche double sera formée en fonction des caractéristiques du climat et des floraisons. L’objectif est que les deux colonies fusionnent en une seule super colonie deux semaines avant le début de la floraison. Le processus doit donc commencer environ deux mois avant que le flux de nectar n’atteigne son maximum.

Pendant ces deux mois, l’apiculteur fournira à la ruche double de deux reines un aliment stimulant (liquide). L’apiculteur veillera également à ce que les deux ruches soient développées de manière égale, en équilibrant le nombre de cadres de ponte entre les deux boîtes.

Deux semaines avant le début de la floraison, les colonies seront fusionnées. L’une des reines sera retirée et utilisée pour faire un nucléis ou remplacer une reine défectueuse dans une autre ruche.

L’autre reine sera laissée propriétaire de toute la super ruche et confinée dans la ruche inférieure avec une grille à reine au-dessus. Au-dessus de la grille d’exclusion se trouve l’autre ruche, sur laquelle sont empilées les hausses vides.

À ce stade, la super ruche aura un nombre de cadres de ponte pouvant atteindre 17 ou 18, et une reine qui continuera à pondre dans la ruche. Mais, surtout, elle disposera d’un nombre considérable d’abeilles qui sortiront rapidement sur le terrain. Au fur et à mesure que le couvain diminue, parce qu’il n’y a qu’une seule reine qui pond, de plus en plus d’abeilles sont libérées pour travailler à l’extérieur. En appliquant la règle de Farrar, ces abeilles produiront beaucoup plus de miel que celles d’une ruche qui n’a eu qu’une seule reine.

Il s’agit donc d’une méthode conçue pour amener une colonie à son potentiel de production maximal au bon moment : lorsque le champ offre plus de nectar et de pollen. Il est donc essentiel pour l’apiculteur de savoir quel est le meilleur moment sur son territoire, quel climat l’attend et à quel moment précis il doit faire chaque pas.

4 – Principaux avantages de travailler avec des ruches à deux reines ?

Comme nous l’avons vu, la méthode n’est pas compliquée, mais elle exige beaucoup d’attention pour ne pas échouer. Dans tous les cas, si cela se passe mal, vous aurez simplement une ruche avec une forte population qui arrive en retard à la floraison. Les dommages ne sont pas très graves et vous n’aurez à déplacer qu’une seule reine.

Cependant, s’il est bien fait, il présente des avantages notables :

Beaucoup plus de miel

La production de miel augmente de façon spectaculaire.

Moins de matériel

En travaillant avec des reines doubles, on peut gérer moins de ruches, ce qui signifie des économies de matériel et de temps de révision.

Exploitation du flux de nectar

Disposer de ruches aussi fortes permet d’exploiter au maximum les possibilités mellifères d’un territoire.

Reconversion en deux ruches

Une fois la grande floraison terminée, et afin de passer l’hiver ou d’exploiter la petite floraison, la super ruche peut être démontée et reconvertie en deux ruches, en profitant de sa grande population et en distribuant le couvain. Une ruche gardera la reine et dans l’autre on ajoutera une reine fécondée ou vierge. Ces deux ruches peuvent être gérées de la même manière que les nucléis élaborés sans changer de rucher.