
Varroa est devenu l’ennemi le plus important des abeilles. Cet acarien fait de véritables ravages dans les ruchers et il est pratiquement impossible de l’éradiquer définitivement. Ces dernières années, une méthode de lutte contre le varroa a commencé à se répandre parmi les apiculteurs. Il s’agit de gratter le couvain, un système controversé de lutte contre le varroa qui a de fervents défenseurs et d’ardents détracteurs.
Dans cet article, nous expliquons ce qu’est le grattage du couvain, comment elle est réalisé et quels sont ses avantages et inconvénients.
1- Quelle est la technique de grattage du couvain contre le varroa ?
La technique de grattage du couvain est un moyen de lutte contre le varroa qui consiste à détruire le couvain des abeilles en grattant les cellules operculées. Cette approche est basée sur une idée bien connue de lutte contre le varroa : les traitements acaricides ne sont pas très efficaces lorsqu’il y a beaucoup de couvain operculé, car le varroa survit à l’intérieur de cellules fermées.
Les apiculteurs qui utilisent des racleurs de couvain expliquent qu’en retirant le couvain, les abeilles nettoient ces cellules, éliminant les varroas qui s’y trouvent et permettant à l’ingrédient actif de l’acaricide de circuler dans toutes les cellules, éliminant ainsi beaucoup plus de varroas.
L’idée n’est pas nouvelle. Il était déjà utilisé aux premiers jours de l’arrivée de varroa en Europe, avant qu’il n’existe des acaricides spécialement adaptés à l’apiculture. Cependant, son utilisation n’était pas répandue et se limitait à des expériences limitées.
Ce n’est qu’en 2014 que la méthode a été relancée. Il l’a fait grâce à Randy Oliver, un apiculteur et biologiste américain qui est fatigué de combattre le varroa par tous les moyens connus, a décidé de faire quelque chose de plus radical. Il avait ses ruches en Californie, où la sécheresse et le varroa décimaient ses abeilles, puis, selon ses mots, « j’ai pensé à quelque chose de fou ». Son expérience est résumée dans ce texte extrait de la publication où il a dévoilé la méthode :
« Si j’éliminais tout le couvain operculé (et les acariens qu’il contient) de chaque ruche, il ne resterait que les varroas au stade phorétique [lorsqu’ils s’accrochent à une abeille adulte], ce qui les exposerait à un traitement [acaricide]. Nous aurions pu enlever les rayons de couvain, mais cela n’aurait pas été pratique. Cependant, que se passerait-il si nous tuons tout le couvain scellé avec un peigne de désoperculation ? Cela reviendrait à perdre la couvée de 12 jours. Je me suis dit que ce couvain était déjà largement condamné, car il était plein de varroas, et qu’en l’enlevant, je donnais à la ruche un nouveau départ à partir de zéro. »
L’article d’Oliver a été publié en janvier 2015, et si les publications spécialisées n’y ont pas prêté beaucoup d’attention, les apiculteurs, eux, y ont prêté attention. En quête d’une solution à un problème aussi grave, de nombreux professionnels ont commencé à essayer la méthode. Et c’est en Espagne qu’elle a été prise le plus au sérieux.
Les apiculteurs du nord de l’Espagne – et d’autres régions – travaillent avec la méthode d’élevage par grattage depuis 2015 et, jusqu’à présent, il semble que les résultats soient encourageants. Toutefois, il convient de noter qu’aucune étude scientifique sérieuse n’a encore été publiée pour prouver ou infirmer l’efficacité de la méthode.
2 – Comment se fait la technique de la couvaison par grattage ?
Les apiculteurs qui travaillent avec du couvain grillé partent des trois mêmes idées qui ont encouragé Oliver à essayer cette « idée folle » :
1 – L’acaricide fonctionne mieux lorsqu’il n’y a pas de couvain
En fait, la plupart des fabricants recommandent de traiter pendant les périodes où il y a peu ou pas de couvain. Cependant, les apiculteurs savent bien qu’avec le retard de l’arrivée du froid, les colonies continuent à se reproduire jusqu’à la fin de l’automne et que les traitements sont retardés, de sorte que le varroa se développe et que, lorsque l’acaricide arrive, il peut déjà être trop tard, car les dommages à la colonie sont déjà excessifs.
2 – Le couvain gratté est déjà condamné et il y en a peu
Si vous choisissez le bon moment, le couvain à éliminer ne sera pas trop important. Mais, surtout, il faut tenir compte du fait qu’en fin de saison, ce couvain est très affecté par le varroa, il est donc pratiquement condamné et ne sera pas très utile pour la colonie.
3 – Un nouveau départ avec suffisamment de temps
En éliminant tout le couvain infesté de varroas et, avec lui, tous ou pratiquement tous les varroas en phase phorétique, les ruches peuvent commencer un nouveau lot de ponte qui naîtra sans varroas. Il s’agit d’un nouveau départ qui, s’il est fait à temps, permettra aux colonies d’entrer dans l’automne fortes et sans varroa. À ce stade, la gestion du temps est essentielle.
Avec ces idées en tête, les apiculteurs qui pratiquent la technique du couvain gratter obtiennent déjà des résultats intéressants. En général, ils travaillent selon ce schéma :
Quand le faire
Le moment doit être choisi très soigneusement et chaque apiculteur choisira le sien en fonction de sa connaissance du terrain, de la météo et du comportement de ses abeilles. Toutefois, en règle générale, elle doit être effectuée en fin de saison, après la récolte, en septembre ou début octobre, lorsqu’il y a peu de couvain dans les ruches. Si vous attendez plus longtemps, le froid surprendra les abeilles et elles n’auront pas le temps d’élever une génération d’abeilles pour affronter l’hiver.
Ce qu’il faut faire
Vous profitez de l’instinct de nettoyage des abeilles pour générer un vide total des cellules operculées. Toutes celles qui contiennent du couvain sont brisées et la ruche est exempte de toute cellule susceptible de cacher des varroas. Il faut savoir que les varroas se cachent dans les cellules au moment où elles vont être operculées, il peut donc y avoir aussi des acariens dans le couvain qui va être operculé. Pour cette raison, il est également conseillé de gratter le couvain ouvert mais déjà développé et de le rendre inutilisable.
Comment le faire
L’opération est très simple : avec un rayon non operculé (ou avec un grattoir) casser l’opercule du couvain avec force. Il est très important de le faire consciencieusement, en pénétrant profondément dans les cellules. Et cela doit être fait sans pitié : aucun couvain scellé ne doit être laissé dans les rayons. Les rayons sont ensuite remis dans la ruche, où les abeilles commencent immédiatement à nettoyer les cellules, en enlevant les restes de cire, les larves et – surtout – les varroas. Un traitement acaricide est alors appliqué. Il peut s’agir d’un principe actif organique ou synthétique, mais il doit toujours figurer sur la liste des médicaments autorisés pour traiter le varroa.
Enfin, pour assurer un bon départ après le traitement, les colonies doivent recevoir une alimentation stimulante.
Il s’agit de donner à la colonie une chance de se débarrasser presque complètement du varroa à un moment où elle a encore la vigueur nécessaire pour élever une nouvelle génération d’abeilles. Le couvain operculé et plus gros est raclé, mais tous les œufs nouvellement pondus et les jeunes larves encore sur la papille larvaire survivent et constituent la première ligne du nouveau couvain. La reine, d’ailleurs, continue de pondre et remplacera bientôt ce qui a été perdu. Les apiculteurs qui utilisent cette méthode s’assurent que les colonies redémarrent avec beaucoup de force et que les nouvelles abeilles sont plus fortes et travaillent davantage car elles sont en meilleure santé.
3 – Avantages et inconvénients du grattage du couvain
Comme vous pouvez le constater, la méthode est agressive, ses défenseurs, cependant, citent ses nombreux avantages :
Il guérit rapidement la ruche
En forçant les abeilles à nettoyer les cellules rayées, l’instinct de nettoyage de la colonie est stimulé. L’action immédiate de l’acaricide s’ajoute à cette impulsion de nettoyage, de sorte que la santé de la ruche s’améliore rapidement.
Peu coûteux
Les partisans du grattage du couvain considèrent qu’il s’agit de la méthode la plus économique : elle permet de réduire le nombre de traitements et d’augmenter l’efficacité des médicaments utilisés, ce qui la rend plus rentable.
Moins de résistance
En réduisant l’utilisation des médicaments, on limite la capacité du varroa à développer une résistance à ces ingrédients actifs.
Une sécurité plus durable
L’expérience des apiculteurs qui utilisent cette méthode est qu’une fois le traitement appliqué, ils n’ont plus à se soucier du varroa jusqu’au printemps suivant.
En revanche, les opposants à la méthode estiment qu’elle ne devrait pas être utilisée et citent ses principaux inconvénients :
Une cruauté inutile
Le principal argument des opposants à la méthode est sa cruauté excessive. Ils estiment que tuer les abeilles n’est pas un moyen de lutter contre une maladie. Cependant, les défenseurs de la couvée grattée insistent sur le fait que la plupart de la couvée grattée est déjà condamnée à mort en raison de son niveau élevé de parasitisme.
L’exposition au virus de l’aile déformée
Le Varroa est connu pour être un vecteur de pénétration d’autres virus, notamment le DWW ou virus de l’aile déformée. Et il semble que la rupture des cellules puisse contribuer à leur propagation.
Gaspillage des ressources
De nombreux détracteurs de la couvaison par grattage affirment qu’elle constitue un gaspillage de ressources. Les abeilles doivent produire beaucoup de nourriture et beaucoup de chaleur pour produire le couvain qui est ensuite tué. En réponse à cela, les apiculteurs favorables à la méthode soulignent qu’en fait, une grande partie de la nourriture contenue dans les cellules endommagées, et même dans le corps de la larve elle-même, est réabsorbée par la colonie, de sorte qu’elle reçoit un apport important en protéines.
Il existe des alternatives : enlever les rayons et mettre la reine en cage. Les opposants au grattage soulignent qu’il existe d’autres méthodes moins douloureuses, comme l’enlèvement des rayons contenant du couvain ou la mise en cage de la reine. Le premier système consiste à retirer tous les rayons de couvain du rucher, ce qui équivaut à éliminer le couvain.
Les partisans du grattage du couvain soulignent qu’en réalité, le couvain qui est enlevé mourra aussi, même si c’est de faim ou de froid. De plus, des cadres contenant des réserves de nourriture indispensables sont retirés des ruches, ce qui crée un problème de logistique pour le matériel retiré. Quant à la mise en cage de la reine, il s’agit d’une méthode bien connue : la reine est isolée sur un rayon afin qu’elle ne puisse pas pondre. La quantité de couvain est réduite en quelques jours et peut être traitée. Pour les défenseurs du grattage, cette méthode entraîne l’arrêt complet du couvain pendant plusieurs jours, ce qui signifie que la colonie perd du temps pour se rétablir après le traitement.
En attendant la publication de résultats plus solides, le grattage du couvin reste une méthode controversée mais, pour beaucoup, très efficace. Que pensez-vous du grattage du couvin? Laissez-nous un commentaire sur facebook.